Ceux qui nous ont rejoint
Festival Sens Interdit
Le festival Sens Interdits, initié par les Célestins, Théâtre de Lyon, est construit autour des
problématiques d’identités, de mémoires et de résistances. Il invite des artistes dont la démarche singulière les conduit à affronter passé et présent au moyen de l’arme la plus artisanale qui soit, le théâtre. Il s’agit alors d’un théâtre de l’urgence, d’un théâtre de nécessité, d’un théâtre profondément politique et pourtant éloigné de toute idéologie et de toute propagande. Confrontés à la guerre, au nettoyage ethnique, à la paranoïa des despotes, à l’exil, à l’écroulement des valeurs humanistes, ces artistes résistent, explorent l’altérité et analysent l’impact de la culture, de la langue, de la religion, de l’appartenance ethnique sur le développement de leur vie et de leur société.
Suivant un rythme biennal, la prochaine édition du festival Sens Interdits se déroulera du 23 au 30 octobre 2013 à Lyon et en Rhône-Alpes. Comme en 2009 et 2011, nous souhaitons réaffirmer l’essence politique du théâtre et montrer, sans tabou et sans approche idéologique, la diversité de ses formes selon les cultures et les latitudes, la permanence de sa vitalité et la singularité de sa force. Nous voulons également favoriser la circulation des oeuvres, des artistes et des publics en constituant sur le territoire de la métropole et de la région, un réseau informel et souple de partenaires composé de structures de nature, de taille, de statut, voire, de disciplines différentes.
Le festival a aussi pour ambition d’identifier et former des publics éloignés des pratiques culturelles et de l’exercice de la citoyenneté au moyen de découvertes esthétiques, de thématiques les concernant au premier chef et de rencontres. Il doit susciter en outre de nécessaires débats sur les valeurs fondamentales de notre démocratie (laïcité, solidarité, liberté…), favoriser le dialogue interculturel et stimuler curiosité et tolérance par la diversité de la programmation.
Sens Interdits 2011 a rassemblé des artistes venus de dix pays – Afghanistan, Cambodge, Chili,France, Mali, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Russie et Tunisie. Onze spectacles, dans des registres esthétiques très différents, ont été accueillis sur douze scènes de l’agglomération lyonnaise et de la région Rhône-Alpes.
Parce qu’il est porteur des paroles qu’il donne à entendre, Sens Interdits renforce l’accompagnement des artistes invités par la mise en oeuvre de coproductions et productions déléguées. Dès 2009, le festival s’est positionné non seulement comme un lieu de diffusion mais également comme une instance de repérage et d’accompagnement des artistes (tournée de la troupe afghane du Théâtre Aftaab en 2009).
Pour son édition 2011, Sens Interdits a ainsi coordonné les tournées en France de deux spectacles: L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge – dont le festival est également l’un des coproducteurs –, mis en scène par Georges Bigot et Delphine Cottu et Comida alemana (Chili), mis en scène par Cristián Plana.
À partir des synergies créées sur un territoire, l’objectif est de proposer aux artistes un
accompagnement sur les plans administratif, technique, financier et humain afin de faciliter leur accès aux réseaux internationaux de création et diffusion, et de favoriser le développement de leur parcours professionnel dans leur pays d’origine et à l’international.
Ces compagnonnages ne pourraient se développer sans des partenariats fidèles avec des structures de diffusion en France et en particulier dans la Région Rhône-Alpes, des festivals « amis » ou
« complices » et le soutien affirmé des tutelles.
Dans la préfiguration des futures éditions, nous continuerons notre réflexion sur la mise en place d’actions au long cours offrant aux troupes repérées tout à la fois visibilité et amélioration des conditions de travail.
Festival des Francophonies
C’est sous la dénomination « Festival international de la francophonie » que Pierre Debauche, alors directeur du Centre Dramatique National du Limousin, a créé en 1984 le Festival, et en donne la direction à Monique Blin, son ancienne collaboratrice du Théâtre des Amandiers à Nanterre.
En compagnie de Jean-Marie Serreau, ils avaient maintes fois rêvé d’un espace qui pourrait réunir différents artistes exerçant leur pratique théâtrale dans les pays francophones ; un espace qui verrait le jour dans une région de France et non pas à Paris, dans le droit fil de la décentralisation. Plus qu’un simple élément de diffusion théâtrale, Pierre Debauche affirme dès la première année le rôle d’échange et d’apprentissage que devra remplir ce festival :
« Les acteurs ne se contenteront plus de jouer, mais il s’établira entre le public et les comédiens et entre les troupes elles-mêmes, des contacts qui permettront que l’on se connaisse vraiment et que se crée une sorte de pédagogie Sud-Nord.»
Il énonce les pensées de base qui resteront comme le fil rouge de cet événement tout au long des années et que Monique Blin, de 1984 à mars 2000, continuera à développer :
- espace de rencontres d’artistes et de diffusion des œuvres théâtrales.
- priorité aux auteurs contemporains de langue française.
- ouverture de ce Festival sur le département et la région dans lesquels il est implanté.
- création de liens avec différents partenaires autour du concept de « la francophonie ».
- En 1988, Monique Blin dote le Festival d’une Maison des Auteurs, lieu de résidence d’écriture pour des auteurs dramatiques francophones.
Ainsi, au-delà des milliers d’artistes et de centaines de spectacles francophones accueillis, le Festival a permis à des auteurs ou des metteurs en scène tels que Robert Lepage (Canada-Québec), Sony Labou Tansi (République du Congo), Werewere Liking (Côte d’Ivoire), Koulsy Lamko (Tchad), Wajdi Mouawad (Liban/Canada-Québec) et bien d’autres, de diffuser leurs œuvres pour la première fois en France.
D’avril 2000 à décembre 2006, Patrick Le Mauff dirige le Festival, dans le respect des missions qui sont imparties à cet événement et chemine sur de nouvelles pistes :
- la création d’un atelier de réflexion et de pratique sur la mise en scène (1 session par an),
- la création d’une nouvelle bourse d’écriture offerte par le Festival,
- et le développement de coproductions théâtrales avec d’autres festivals internationaux.
Le Festival entend également susciter des questionnements réguliers sur la notion de “Francophonie”.
Marie-Agnès Sevestre a succédé à Patrick Le Mauff en janvier 2006.
Centre Bophana
C’est au début des années 90 que le cinéaste Rithy Panh, en réalisant ses premiers documentaires au Cambodge, prend conscience de l’état critique du patrimoine audiovisuel du pays : après des décennies de guerres, de coups d’état et de folie génocidaire, les quelques archives épargnées semblent attendre que le temps, la chaleur ou la poussière achèvent de les effacer.
Les préoccupations de Rithy Panh font écho à celles du cinéaste Ieu Pannakar, alors responsable de la Direction du Cinéma au sein du Ministère de la Culture et des Beaux Arts du Cambodge ; les deux hommes se prennent à rêver d’un lieu de mémoire et de création, où le patrimoine audiovisuel retrouverait un sens et une nouvelle dynamique.
Le projet de Centre de ressources audiovisuelles voit le jour dans un contexte plus favorable aujourd’hui : l’on reconnaît aux archives historiques et à la culture un rôle clé dans l’expression de l’identité d’une nation et dans la constitution de son patrimoine.
Les autorités cambodgiennes ont rapidement adhéré au principe et facilité l’hébergement du Centre. Puis les collaborations engagées au niveau français (coopération bilatérale, appuis techniques et financiers, accès aux collections des grands centres d’archives) ont apporté un soutien décisif. En quelques mois, le projet a pris forme et promet au Cambodge de se doter enfin d’un espace qui recueille et donne la parole à ceux restés trop longtemps silencieux.
En évoquant le nom de Bophana, le Centre veut se faire le relais du message de résistance, de courage et de dignité que cette jeune prisonnière du centre de détention S21 a laissé. Le projet qu’il porte, celui de reconstituer le patrimoine audiovisuel cambodgien, vise à ouvrir un accès à la mémoire. Pour se souvenir, transmettre une histoire et une culture aux générations futures, et bâtir ensemble un avenir.
Pour en savoir plus : Site internet du centre de ressources audiovisuelles Bophana.
D’autres soutiens précieux :
La Région Rhône-Alpes, la Ville de Paris, le Ministère de la Culture et de la Communication, l’Institut Français, l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’Onda.
Lauréat du Trophée des Associations de la Fondation EDF (2011).
2012 prince Claus Fund Award.
Merci à Agnès B, Air France, l’Ambassade royale du Cambodge en France, le Théâtre de l’Épée de bois, le Théâtre de la Tempête, l’Atelier de Paris – Carolyn Carlson, le Théâtre de l’Aquarium, le Théâtre national de Chaillot, le lycée des métiers du bois Léonard de Vinci (Paris 15), Asian Cultural Council, British Academy, University of Leeds, World University Network. Merci à Claire-Marie Guillemot et Madeleine Favre pour leur aide et leur très précieuse présence aux côtés de la troupe franco-khmère.